Le premier épisode du podcast Radio Carbone est consacré aux couverts végétaux d’interculture, levier d’amélioration central du bilan carbone d’une parcelle agricole, mais dont l’implantation reste délicate en conditions sèches.
Question de Frédéric en Charente: comment réussir ses couverts d’interculture?
Frédéric, agriculteur en Charente (Nouvelle-Aquitaine), est engagé dans le programme carbone Soil Capital. Il nous a sollicité dans sa réflexion afin de sécuriser la réussite de ses couverts d’interculture entre une céréale à paille récoltée en été et une culture de printemps (tournesol, maïs, lin…). Frédéric sème un couvert de phacélie (5 kg/ha) en septembre qu’il détruit mi-novembre, et la biomasse produite dépasse rarement une demi tonne de matière sèche .
Recommandations d’Icosytème pour améliorer ses couverts végétaux
Matthieu Archambeaud, agronome spécialisé en agroécologie et président d’Icosystème, répond à Frédéric en mettant en évidence deux pistes majeures pour améliorer la production de biomasse des couverts en conditions sèches.
Diversifier le couvert
Matthieu Archambeaud rappelle que la multiplication des espèces et l’introduction de légumineuses dans les couverts augmente les chances de réussite. En effet, la phacélie est une espèce particulièrement versatile dont le développement dépend fortement des conditions d’humidité et de la disponibilité en fertilité dans le sol. La semer seule en conditions sèches réduit les chances de son succès. Matthieu recommande plutôt à Frédéric de passer à des couverts de minimum 4-5 espèces, pour pouvoir s’adapter aux conditions de sol au moment du semis. Matthieu suggère aussi l’ajout d’une crucifère (exemple radis fourrager), de légumineuses (pois fourrager, féverole, vesce…), de lin, d’avoine… et insiste par ailleurs sur le choix des espèces en vue de leur destruction. Pour des vesces par exemple, les vesces communes de printemps sont plus faciles à détruire.
Avancer la date de semis…
Lorsqu’on sème un couvert le 15 septembre et on le détruit le 15 novembre, la production de biomasse est relativement faible car les sommes de température en octobre et novembre sont réduites (trois fois moins de degrés jours en octobre qu’en août). Pour Matthieu, les huit ou neuf mois qui s’écoulent entre la récolte en juillet et le semis d’un tournesol et d’un maïs au mois d’avril nous offrent deux possibilités principales pour maximiser le développement. La première solution est d’avancer la date de semis, au travers d’une “orientation semi-direct” qui va consister à semer le couvert le plus tôt possible après la récolte, avec un semoir spécifique. Le couvert atteindra la maturité (floraison) au mois d’octobre-novembre et sera alors détruit à la fin de son cycle et dans de bonnes conditions. Cette orientation, qui permet de maintenir une destruction précoce, est cependant assez spécialisée et se retrouve dans des systèmes relativement avancés, où l’on observe même la mise en place d’un deuxième couvert “relais” implanté à l’automne pour faire la jonction avec le printemps.

A droite : Semences mélange multi-espèces blé – pois protéagineux. Crédit: Thomas Lecomte, juillet 2020.
…ou reculer la destruction
La deuxième solution pour maximiser le développement du couvert consiste à maintenir des dates de semis tardives mais repousser la date de destruction. Elle est probablement plus accessible compte tenu du matériel disponible sur la ferme de Frédéric (pas de semoir de semis direct) et des dates de semis à partir du mois de septembre. Le couvert remplira sa fonction de protection et de structuration des sols durant l’hiver, et sera alors détruit trois mois après la date initiale, à partir du 15 février pour des cultures comme le tournesol ou le maïs. Si le couvert est constitué d’une bonne part de légumineuses, il se détruira facilement et rapidement et sera par ailleurs capable de relarguer de la fertilité pour la culture qui suit. Par contre, dans le cas du lin qui est semé beaucoup plus tôt, il est nécessaire que le couvert ait quasiment finalisé son cycle à l’entrée de l’hiver, et c’est plutôt l’anticipation de la date de semis qui est à privilégier.

Réussir ses couverts végétaux
Différentes pistes existent pour améliorer la réussite des couverts végétaux en conditions sèches. Certaines, comme la diversification des espèces semées ou l’allongement de la durée du couvert sont relativement accessibles et ne nécessitent pas de matériel supplémentaire, tandis que d’autres, comme le semis direct ou la mise en place d’un couvert relais, sont plus techniques et nécessitent un investissement supérieur. Matthieu recommande de privilégier les premières à court-terme, alors que les dernières, optimales en termes de services rendus, relèvent plus d’un objectif à long-terme.

Références
- Dossier sur la composition des couverts (TCS)
- Article couverts (Osez agroécologie)
- Article couverts (TCS)
- Webinaire Agro-League couverts
Légende première image : Couvert de phacélie / sarrasin. Crédit: Maxime Alaurent, juin 2022.
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