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Limaces et mulots en non-labour, quelles solutions ?

par | Août 15, 2022 | Radio Carbone, Blog

Dans le troisième épisode du podcast Radio Carbone, la gestion des limaces et petits rongeurs est abordée.  En Agriculture de Conservation des Sols, la réduction du travail du sol et la présence de résidus en surface peut en effet parfois entraîner leur prolifération.

Le cas de Nicolas en Eure-et-Loir : comment gérer les limaces et petits rongeurs?

Nous apportons une réponse à Nicolas,  agriculteur en Eure-et-Loir (28) engagé dans le programme carbone Soil Capital, qui constate des dégâts importants sur ses cultures de colza et pois, ainsi que dans ses couverts végétaux. Il se demande comment limiter la pression de ces ravageurs sans devoir intensifier le travail du sol ni augmenter sa consommation de produits phytosanitaires.

Recommandations d’Icosystème : une gestion multifactorielle des ravageurs

Selon Benoît Chorro, agronome et formateur chez Icosystème, la gestion des limaces et petits rongeurs doit être multifactorielle, en combinant des leviers à l’échelle du système de culture et des itinéraires techniques.

Abaisser le rapport C/N (rapport Carbone sur Azote) des résidus

Pour limiter la pression des limaces, Benoit Chorro insiste en premier lieu sur l’équilibrage de la ration du sol à l’échelle de la rotation. Les céréales à paille installent un contexte favorable au développement des limaces, car les pailles constituent un environnement très carboné qui va inciter ces ravageurs à se tourner vers la biomasse vivante (culture ou couvert végétal) au rapport C/N plus faible. L’intégration de légumineuses, ou les échanges paille-fumier sont donc des moyens efficaces pour réduire le rapport C/N des résidus et accélérer la transformation de la matière organique riche en carbone.

Un premier levier technique : la gestion des pailles

Au niveau technique, Benoit Chorro évoque tout d’abord la gestion des pailles et des menues pailles. Lorsqu’on les broie, il est important de bien les répartir, et éventuellement de procéder à un léger mulchage pour accélérer la dégradation des pailles si le sol n’est pas capable de les assimiler suffisamment rapidement. Le mulchage, tout comme les passages de herse à paille, est généralement efficace pour lutter contre les limaces (et petits rongeurs), mais perturbe également leurs prédateurs naturels (carabes, staphylins), dont la croissance de la population pour atteindre un équilibre naturel de régulation peut prendre plusieurs années.

Un autre levier technique : la gestion du semis

Ensuite, Benoit Chorro évoque la modification des dates de semis. Les premiers stades de développement des cultures étant les plus sensibles, semer à une période favorable à la croissance végétative peut réduire la nuisibilité. En automne, avancer un peu la date de semis permet aux céréales d’atteindre rapidement des stades de moindre sensibilité que lorsque les semis sont effectués plus tard dans la saison, où les conditions froides ralentissent la croissance. Au printemps, la tendance est plutôt au retardement des semis pour assurer un démarrage rapide dans des conditions de réchauffement et de fertilité plus favorables.

En colza, toujours dans le but d’assurer une démarrage rapide de la culture, une fertilisation localisée au semis peut être appliquée. Benoit Chorro mentionne également l’implantation de plantes compagnes (féveroles, trèfles, vesces, gesses, nyger, caméline…) avec le colza qui peut dans certains cas détourner une partie des limaces vers ces plantes de service.

Favoriser les ennemis naturels des rongeurs

Sans travail du sol, le seul moyen d’empêcher les pullulations de rongeurs est de favoriser ses prédateurs naturels (rapaces, renards). Dans les parcelles, le broyage des pailles offre un meilleur accès au sol aux rapaces, qui dans des pailles hautes risqueraient de se blesser. Autour des parcelles, Benoit Chorro conseille de disposer des perchoirs pour permettre aux rapaces de se reposer et guetter leurs proies.

Vue en coupe aérienne-racinaire chaume de blé. Crédit : Thomas Lecomte, septembre 2020

Des méthodes alternatives pour contrer l’impact des limaces et des petits rongeurs

Pour Benoît Chorro, l’impact des limaces sur la levée des cultures peut donc être limité sans intensifier le travail du sol, en combinant une série de mesures préventives: rééquilibrage du rapport C/N des résidus dans la rotation, mise en place de condition favorables au démarrage rapide des cultures (modification des dates de semis, fertilisation localisé) et insertion des plantes compagnes pouvant jouer le rôle de leurre (exemple du colza associé). Pour contrer les pullulations de petits rongeurs, des méthodes alternatives au travail du sol existent également, basées sur l’établissement de conditions favorables à leur prédation naturelle (broyage de pailles, installation de perchoirs).

Légende première image : Résidus laissés au champ en cours de décomposition dans une parcelle de maïs chez Dominique Gaborieau à Genouillé. Crédit: Lara Millan, juin 2022.

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