Dans le troisième épisode du podcast Radio Carbone, nous nous intéressons à la gestion des limaces et des petits rongeurs. En agriculture de conservation, la réduction du travail du sol et la présence de résidus en surface peuvent parfois favoriser leur prolifération.
Nous apportons une réponse à Nicolas, agriculteur en Eure-et-Loir (28) engagé dans le programme carbone Soil Capital, qui a constaté des dégâts importants sur ses cultures de colza et de pois, ainsi que sur ses couverts végétaux. Il se demande comment limiter la pression de ces ravageurs sans avoir à intensifier le travail du sol ou à augmenter sa consommation de produits phytosanitaires.
Selon Benoît Chorro, agronome et formateur chez Icosystème, la gestion des limaces et des petits rongeurs doit être multifactorielle, combinant des leviers au niveau du système de culture et des itinéraires techniques.
Pour limiter la pression des limaces, Benoit Chorro insiste avant tout sur l'équilibre de la ration du sol tout au long de la rotation. Les céréales à paille créent un contexte favorable au développement des limaces, car la paille constitue un environnement riche en carbone qui va inciter ces ravageurs à se tourner vers la biomasse vivante (culture ou couvert végétal) dont le rapport C/N est plus faible. L'incorporation de légumineuses ou l'échange de paille contre du fumier sont donc des moyens efficaces pour réduire le rapport C/N des résidus et accélérer la transformation de la matière organique riche en carbone.
D'un point de vue technique, Benoit Chorro commence par parler de la gestion des pailles et des menues pailles. Lorsqu'elles sont broyées, il est important de les répartir uniformément et, si nécessaire, de les pailler légèrement pour accélérer la décomposition de la paille si le sol n'est pas en mesure de l'assimiler assez rapidement. Le paillage, comme le hersage de la paille, est généralement efficace pour lutter contre les limaces (et les petits rongeurs), mais perturbe aussi leurs prédateurs naturels (carabes, staphylins), dont la population peut mettre plusieurs années à retrouver un équilibre naturel de régulation.
Benoit Chorro aborde ensuite la question de la modification des dates de semis. Les premiers stades de développement des cultures étant les plus sensibles, un semis réalisé à une période favorisant la croissance végétative permet de réduire les dégâts. En automne, avancer un peu la date de semis permet aux céréales d'atteindre des stades moins sensibles plus rapidement que lorsqu'elles sont semées plus tard dans la saison, lorsque les conditions froides ralentissent la croissance. Au printemps, la tendance est de retarder les semis pour assurer un démarrage rapide dans des conditions plus chaudes et plus fertiles.
En colza, une fertilisation localisée peut être apportée au semis pour un démarrage rapide de la culture. Benoit Chorro mentionne également la plantation de plantes compagnes (fèves, trèfles, vesces, nyger, caméline, etc.) avec le colza, ce qui peut dans certains cas détourner une partie des limaces vers ces plantes de service.
En l'absence de travail du sol, le seul moyen de prévenir l'apparition de rongeurs est de favoriser leurs prédateurs naturels (oiseaux de proie, renards). Dans les parcelles, le broyage de la paille permet aux rapaces d'accéder plus facilement au sol, la paille haute pouvant les blesser. Benoit Chorro conseille d'installer des perchoirs autour des parcelles pour que les rapaces puissent se reposer et guetter les proies.
Pour Benoît Chorro, il est donc possible de limiter l'impact des limaces sur la levée des cultures sans intensifier le travail du sol, en combinant une série de mesures préventives : rééquilibrage du rapport C/N des résidus dans la rotation, mise en place de conditions favorables à un démarrage rapide des cultures (modification des dates de semis, fertilisation localisée) et insertion de plantes compagnes pouvant jouer le rôle de leurres (ex : colza associé). Pour contrer les pullulations de petits rongeurs, des méthodes alternatives au travail du sol existent également, basées sur la mise en place de conditions favorables à leur prédation naturelle (broyage de la paille, installation de perchoirs).
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